RAPPEL
En 2007 nous avions cherché un petit village déshérité, nommé EN NEMA,
traversé lors d'une randonnée en 2006 dans le désert de l'Amatlich. Nous
étions arrivés au village de BAKDADE et à l'école d'AGASSAR. Nous y avions
rencontré un groupe de femmes qui souhaitait des graines, du fil et des
aiguilles.
En 2008 ce fut la première mission de notre association, nous avons
commencé à faire connaissance avec les villageois d'Agassar et à détecter
leurs besoins. Nous avions appréhendé notre domaine d'action : 5 villages
autour d'Agassar, EN NEMA fait partie de cette communauté de villages.
Qu'allons nous trouver un an plus tard ?
L' EQUIPE
Malheureusement nous ne sommes pas plus nombreux que l'an dernier.
Trois françaises : FRANCOISE dont c'est le premier voyage en Mauritanie,
DANY accompagnatrice depuis 2007 et moi-même dont c'est le cinquième
voyage mauritanien.
Trois mauritaniens : CHEIKH, ami et organisateur de ces voyages depuis 2007,
YSLEM notre chauffeur de l'an dernier et notre cuisinier WELY que nous
connaissons aussi.
Samedi 14 FEVRIER
Arrivés la veille à ATAR, nous avons fait quelques achats de graines et
fournitures scolaires.
Le départ a lieu tôt le matin. Le 4x4 est encore bien chargé : 6 personnes,
le matériel logistique, nos bagages et les 6 sacs que nous avons à
distribuer .Le voyage est fatigant : environ 100 Kms de pistes parfois
assez dures (rocheuses ou sablonneuses). Arrivés nous trouvons un village
qui semble endormi en cette mi-journée, mais les enfants ne sont pas bien
loin et se manifestent vite pour nous escorter au centre du village d'
AGASSAR.
L' accueil est très joyeux, tous se précipitent sur les quelques photos que
j' ai apportées, puis nous nous installons dans la même case que l' an
dernier. Le chef BAMBA OUL SOILAM est absent, son fils EL ARBI nous reçoit
et nous apprend que son père est allé à Atar pour un micro projet de
palmeraie.dont nous parlerons plus tard(il doit rentrer dans la nuit) .
Nous évoquons avec lui la difficulté (et surtout le coût) pour effectuer
un deuxième passage pour apporter des graines qui seraient très utiles en
octobre; il nous donne alors la solution : que quelqu' un(DANY) dépose les
graines chez un commerçant d' Atar dont il nous donne le nom et le n° de Tél.
, celui-ci les avertira de la mise à disposition pour un prochain passage du
taxi brousse(la confiance règne entre tout le monde ici !).
Une bonne nouvelle, nous apprenons que tous les villages (grâce à l'
installation d' un panneau solaire) sont maintenant équipés d' un téléphone
cellulaire et nous obtenons le n° d' Agassar, CHEIKH pourra ainsi
éventuellement avoir un contact entre deux voyages pour obtenir des
renseignements.
Nous déballons nos produits pharmaceutiques et EL ARBY et DANY commencent
les soins (yeux, plaies, comprimés pour douleurs et fièvre, médicaments
pour la diarrhée) et FRANCOISE la distribution de vêtements (et de petites
couvertures pour bébés qui ont été tricotées par des « mamies » de Thouars),
il y a bousculade et notre voisin ABDELRHAMAN fait la « police » à l' entrée
de la case. Il est bien dur de rencontrer des pathologies qui sont du
ressort de la médecine et pour lesquelles nous ne pouvons rien.Nous
confions à FATIMELTOU,femme du chef et accoucheuse, un sac contenant des
gants stériles ,des compresses, du désinfectant,.. de l' épafix, du fer
pour remonter certaines accouchées, elle est ravie.
En fin d' après midi nous allons faire un tour dans le village et sommes
assaillies par des enfants avides d' échanges mais presque tous incapables
de pratiquer le français appris en classe. L' un d' entre d' eux ABDALLAHI
réussit à nouer une conversation et cherchera notre contact tout au long
de notre séjour, dommage que nous ne soyons pas assez nombreux pour
répondre à sa demande.
La nuit tombe vite, après avoir dîné à la lumière de nos lampes frontales,
nous admirons la voie lactée qui nous surplombe et guettons les étoiles
filantes..nous sommes fatiguées mais la nuit sera courte car nous sommes
un peu excitées de nous retrouver en ce lieu pour lequel nous avons oeuvré
tout au long de l' année.
Dimanche 15 FEVRIER
Ce matin nous allons à l' école, nous y retrouvons le directeur de l' an
dernier, il nous demande une petite trousse de secours comme l' an dernier
(nous lui remettons le lendemain) Nous trouvons la petite classe surchargée
(60 élèves), des enfants n' ont pas de table et son assis par terre,
Par ailleurs le sol de cette classe est en train de s' effondrer..Mais cette
année l' Etat a distribué un sac à dos à chaque écolier. Les enfants ont
deux livres : un livre écrit en arabe et un en français, nous feuilletons
ce dernier, il nous semble vraiment très bien.
Depuis 2003 L' Etat Mauritanien fait un réel effort pour la scolarisation »en
brousse » Nous distribuons les quelques fournitures que nous avons
apportées et donnons aux instituteurs des livres de « contes du monde
entier » et des livres de vulgarisation sur l' anatomie humaine et l'
astronomie. Dans l' une des deux grandes classes nous avons retrouvé
notre petit ami ABDALLAHI. Après quelques échanges nous rentrons pour
continuer les soins et la distribution dans notre case.
Il y a toujours foule.ce que nous voyons le plus ce sont les problèmes
d' yeux. Il nous apparaît que cette année encore il nous manque des
vêtements pour les 4 à 12 ans. Nous ressentons à ce moment le besoin
d' avoir avec nous une infirmière pour donner des notions d' hygiène
et de premier secours.
A midi, FATIMELTOU vient nous annoncer qu' elle vient d' effectuer un
accouchement (une femme que nous avons vu hier, qui nous disait être
enceinte de 6 mois et avoir mal au ventre !). Nous irons ce soir rendre
visite à la maman et au nouveau né et nous apporterons l' une de nos
petites couvertures. Fatimeltou nous semble assez âgée, à notre demande
elle répond qu' elle forme une adjointe pour lui succéder.
Ce midi, alors que notre déjeuner est terminé, la voisine nous apportera
(comme à tous les repas) un deuxième repas »mauritanien ».
Après déjeuner, alors que nous partions chercher de l' eau avec un enfant
et un âne, nous sommes arrêtées en cours de route dans une case où une
jeune fille, MARIAM, tient à nous montrer quelque chose : le tricot que
sa soeur DEIDAA a confectionné (Deida est la jeune fille a qui j' avais
donné une leçon de tricot l' an dernier, elle est maintenant mariée et
habite à 18 Kms d' Agassar MARIAM, veut elle aussi apprendre à tricoter
et c' est ainsi que cet après midi nous ferons une leçon de tricot
(deux autres femmes sont venues se joindre à nous).
En fin d' après midi nous irons visiter la coopérative de VETELEH, où nous
sommes reçues très joyeusement ; la présidente est fière de nous montrer
leurs statuts que je photographie, le capital est de 6000 ouguiyas divisé
en 15 parts de 400, il y a 7 membres et 3 d' entre elles possèdent une part
soit 1 Euros 30cts !!!!Nous y faisons quelques achats.
La journée se termine par une visite sous la tente de la maman et de son
nouveau né, celui-ci est tout nu, un tissu posé sur lui ; tous les deux
sont en bonne forme. Il règne alors une grande douceur (de température,
de bruits, de sensations..)
Nouvelle soirée sous les étoiles, le chef du village n' est toujours pas
rentré.
Lundi 16 FEVRIER
Ce matin nous partons pour une petite marche vers le village d' EN NEMA,
tout petit village d' environ 6 familles, il s' y trouve un jardinier et
une coopérative de femmes. Nous nous retrouvons, comme l' an dernier sous
la tente du chef, sa femme est en train de secouer vigoureusement une outre
de lait de chèvre pour faire cailler le lait, elle en retire la crème.
On nous offre un plat traditionnel des dattes avec du beurre clarifié de
lait de chèvre.Le chef nous montre ensuite comment les villageois cassent
des noyaux de dattes entre deux pierres pour en faire de la nourriture pour
les animaux.
Nous distribuons vêtements, produits pharmaceutiques simples, savons,
ciseaux, lampes écologiques, un couteau multi usage et quelques petits
objets divers.
Nous allons rendre visite à la coopérative, faisons quelques achats et leur
annonçons qu' une réunion aura lieu le lendemain après midi pour créer un
comité de femmes avec une représentante de chaque village. Comme nous
sommes bien en leur compagnie ! Mais il est l' heure de rentrer pour
déjeuner et faire la sieste (facultative heureusement !)
En début d' après midi nous reprenons la leçon de tricot et je commence
un bonnet que j' ai l' intention d' offrir au nouveau né avant de partir.
Françoise et moi-même, nous avons chacune notre élève, elles se débrouillent
très bien et veulent même aller trop vite, nous leur donnons laine et
aiguilles.
Après le goûter nous partons pour le village isolé de GREIRA, sur une colline
rocheuse, ce lieu nous semble bien inhospitalier pour l' homme. Nous y
sommes reçus dans la case de nouveaux mariés, tout y est neuf, il y a
beaucoup de monde..des femmes préparent le couscous, une femme fabrique
des plateaux en fibres de palmier qui sont très simples mais très beaux,
nous leur en commandons 5(le prix est dérisoire 500 ouguiyas soit 1euro50)
pour la réunion des femmes du lendemain. Nous faisons une photo de groupe
Nous sommes gênées d' avoir à fixer l' image d' un petite fille de deux ans
que l' on nous a amené hier, pour laquelle on ne peut rien et qui est
vraiment en mauvais état de santé, cette enfant aurait sûrement du être
suivie dans un hôpital depuis un moment, mais en ces lieux y a-t-il
quelque chose à faire ? Même à l' hôpital d' Atar ? Nous nous sentons
impuissantes ; malgré tout ces gens sont souriants et accueillants ;
ont-ils conscience de la gravité de la situation où sont ils « habitués
» au tragique de leur vie peu facile !
Ce soir la veillée sera très animée avec la visite d' un instituteur,
il est très bavard, avec lui nous parlons à bâtons rompus
(de nos différences culturelles, situation des personnes âgées, immigration,
vie difficile parfois aussi en France : SDF,.)
Mardi 17 FEVRIER
Après le petit déjeuner nous partons visiter le microprojet de palmeraie
jardin, celui-ci se trouve à une heure de marche du village. Le chef nous
guide (il a du rentrer dans la nuit et son voyage semble l' avoir fatigué
Je suppose que le trajet effectué en taxi brousse a duré très longtemps
et dans des conditions difficiles, le 4x4 devait être surchargé d' hommes
et de matériel). Il n' est plus tout jeune.aussi il est admirable qu' il
conduise ce projet qui aboutira pour la génération suivante.
Sur place nous voyons donc un terrain de sable entouré de grillage,
au milieu se trouve un puit qui vient d' être terminé (le 31/01/2009)
et 50 petits palmiers qui viennent d' être plantés. Quel miracle si
dans 8 ans (comme je viens de le chercher sur Internet) ils sont à
maturité !
Un des 50 jeunes palmiers,le chef BEMBA,son fils EL ARBI et moi-même
Nous rentrons par la grande palmeraie (elle s' étend sur environ 5kms,
elle appartient à de riches mauritaniens qui permettent aux villageois
d' y jardiner en échange de l' entretien de leurs palmiers.) ; nous y
cueillons quelques tomates, aubergines, betteraves. Ces légumes nous
semblent d' autant plus beaux qu' ils ont poussé dans le sable.
De retour au village nous parlons avec le chef de ce que nous pourrions
faire pour les aider dans leur microprojet, il nous fait la liste de ce
qui leur manque mais la liste est grande alors je lui fais part de nos
moyens limités.
Comme chaque fois que nous sommes dans la case notre voisine KHADI vient
régulièrement, (plusieurs fois par jour) avec ses deux enfants AHMEDOU
(l' aîné) et WALIA (petite fille d' environ deux ans qui ne quitte pas
sa maman d' une semelle), elle nous fait les trois thés à la menthe
traditionnels(heureusement les verres sont petits !).
Nous avons souvent du monde qui vient se faire soigner à l' improviste et
ce midi nous voyons arriver un enfant qui est venu en chameau avec son
père d' un village à 18 Kms (les nouvelles vont vite dans le désert et
notre présence est vite connue aux alentours) il nous montre sa tête
mais nous devons lui dire que nous ne pouvons rien pour lui, il nous
semble que ce soit la teigne, mais que fait on dans ce cas là ?
(Nous verrons un autre cas le lendemain).
L'après midi sera consacré à la création d'un comité de femmes. Je suis
étonnée car j'ai demandé une représentante par village et elles arrivent
pourtant en nombre. L'atmosphère est bon enfant, colorée et bruyante.
J'ai besoin que CHEIKH fasse l'interprète, nous ne sommes pas toujours
d'accord tous les deux ; je veux proposer aux femmes d'essayer de vendre
pour leur compte en France alors que Cheikh pense toujours que distribuer
des biens achetés ou récoltés suffit, il n'a pas encore vraiment compris
que mon action même minime est faite pour « le durable » (éducation,
travaux manuels, artisanat, jardins) Quand les femmes comprennent notre
projet, elles sont ravies, (pourvu que rentrées en France nous arrivions
à vendre !). J'essaie de leur fait comprendre qu'il me faut des objets
un peu « fignolés ».Très fignolés serait trop leur demander. Je comprends
parfaitement qu'il n'est pas facile de travailler quand on manque de tout
: pas de ciseaux par exemple) c'est la débrouillardise, nous avons vu
détricoter un pull puis décortiquer un brin de laine pour en récupérer
les fils qui le constitue !
Nous formons donc le bureau des cinq représentantes de coopératives :
Village de KAZMIR : KELTAEM MINT MESSA (nous ne connaissons pas encore ce
village)
Village de BAKDADE : EMEITOU HMIMED
Village de GREIRA : KOILIH MOKHTAR
Village d' EN NEMA: DEHMA MBAREK
Village d' AGASSAR : FATIMELTIU SEIKA
(femme du chef, accoucheuse, omniprésente et très, très active malgré son
âge avancé, ce sera elle la présidente)
Et puis je donne toutes les fournitures (ciseaux, dés, fils, laine, dés,
mètres) à Fatimeltou qui sort de la case pour aller distribuer tout cela
entre toutes les coopératives
Pourvu que nous réussissions à faire quelque chose pour elles !
L' après midi a été très fatigante, nous nous éloignons un peu de notre case
à l' atmosphère surchauffée et bruyante et nous trouvons refuge dans la
case d' EL ARBI ou on nous offre un thé (et hop un de plus !)
La nostalgie commence à nous envahir car nous partons le lendemain,
(Dany part vendredi et doit être à Atar jeudi) la soirée sera «
tristounette ».Il y a tant à faire, nous avons l' impression de ne pas
avoir terminé.
Mercredi 18 FEVRIER
Après le petit déjeuner et tout en préparant les bagages, je finis le petit
bonnet..
Nous échangeons les derniers cadeaux, nous recevons chacune des dattes.
Le départ est un peu difficile, la larme à l' oeil, nous nous disons au
revoir et à l' an prochain, Inch' Allah . A 9 heures nous prenons
la direction d' EL GLEITAT où se trouve le dispensaire et nous y
remettons un tensiomètre .Le chef de village nous offre le déjeuner et
après la sieste nous partons. Il est tard aussi nous ferons un bivouac
à Tifoujar, un site vraiment très beau et que nous connaissons bien
maintenant.
Jeudi 19 FEVRIER
Nous arrivons à Atar en fin de matinée et nous allons faire quelques achats
avec l' argent qui nous reste : une brouette, pelles, râteaux, bottes,
arrosoirs. Ces outils seront déposés chez le commerçant qui est notre
correspondant et les villageois viendront les y chercher.
CONCLUSION
Ce deuxième passage dans notre communauté d' AGASSAR (c' est ainsi que
nous appellerons les cinq villages) nous a conforté dans le bien fondé
d' une action en ce lieu. Il nous reste encore à découvrir le cinquième
village KAZMIR
Et puis à notre retour après une période de réflexion il faudra réajuster
nos objectifs.
Nos trois axes principaux sont les jardins, l' artisanat et les
travaux manuels des femmes, et les enfants. A notre retour nous
ferons de nouvelles prévisions pour nos actions futures et ferons
tous nos efforts pour intéresser une infirmière à nous accompagner.
Christiane Dudoret Présidente le 23/04/2009